mercredi 10 avril 2024

Club des Jeunes Ed-Kit enfin reconnu, enfin exposé, enfin édité

 Il y a peu de choses qui me ravissent autant que de voir de vieux combats finalement finir en de vraies résurrections. Et il y a bien longtemps maintenant, au tout début de ce blog, (notre jeunesse) nous osions ici même chanter des objets architecturaux bien oubliés : club des jeunes, centres commerciaux, piscines Tournesol, Station-Service, petits édicules divers tous oubliés des grandes pages de l'Histoire de l'Architecture et des pensées patrimoniales.
Encore aujourd'hui....
Alors, quand on sent le vent de l'Histoire tourner un peu, on ne peut que se réjouir et se dire qu'on n'a pas trop loupé son coup.
Je veux d'ailleurs redire une fois encore que, dans cette course contre l'oubli, Dominique Amouroux et ses publications y sont pour beaucoup, en tout cas pour ce blog.
Merci mon cher Dominique.

Voilà que je reçois ce matin, deux objets éditoriaux : une carte postale et une minuscule mais ravissante publication, deux éditions nous rappelant l'importance conceptuelle, plastique et historique des Clubs des Jeunes, du modèle Ed-Kit.
Ces deux éditions ont d'ailleurs trouvé leur forme lors d'une exposition-hommage sur les Ed-Kit que malheureusement je n'ai pas pu voir. Mais voilà qui est bien agréable ! Bien important même ! Poser ainsi un regard aussi généreux sur un objet ayant frôlé la disparition historique c'est bien là une disposition d'esprit importante que nous ne pouvons ici que cautionner.

Voici déjà la carte postale qui nous montre le Club des Jeunes de Roissy-en-Brie, édition QBM design & Plus :



La petite publication ne fait que quelques centimètres, se présente en pages très solides un peu comme un imagier de l'enfance, dans un format carré avec beaucoup d'images parfois minuscules qui rendent compte à la fois de l'histoire des Clubs des Jeunes mais aussi de l'exposition qui eut lieu.
Ce petit monument plein de grâce, plein de petites silhouettes penchées sur des maquettes et des dessins est bien émouvant et joyeux. On dirait que les historiens des bords de l'architecture aiment se fabriquer ainsi des micro-éditons. On verra bientôt un autre cas sur ce blog.
Je vous en montre quelques images, ma main indique l'échelle.

Au-delà de ces deux éditions, cela repose le problème de la patrimonialisation de ce genre d'architecture à la fois populaire et intelligente mais aussi fragiles et multipliées. On voit le danger de leur disparition une à une, un peu comme le syndrome des piscines Tournesol qui, devant leur grand nombre ne sollicite pas l'idée d'une urgence de leur préservation.
Et, pour les Clubs des Jeunes, il est certain aussi que l'objet-même et sa fonction, n'en font pas des objets particulièrement visibles pour les politiques, les historiens. Souvent, c'est leur usage et leur place dans les histoires locales qui les sauvent, comme si la tendresse des expériences vécues venaient combler le manque de reconnaissance historique (voir celui superbe de Marçon). Mais ! Mais voilà ! Ça bouge ! Et ce genre d'initiative que l'on doit à QBM Design & Plus avec des auteurs comme Emmanuel Delabranche, Titouan Orvoen et Alexandra Roullé nous permet d'enfin espérer une inscription rapide et un intérêt poussé pour ces constructions.

Je remercie toute l'équipe de m'avoir fait participé à cette aventure avec Raphaël Firon.
Quelle belle surprise !
Sauvons, sauvez, défendons, défendez vos Clubs des Jeunes, quelque soit leur modèle !
En espérant que cette expérience soit renouvelée sur d'autres objets architecturaux !
David Liaudet

Pour revoir des Clubs des Jeunes sur ce site depuis...2011 !





























jeudi 4 avril 2024

j'aime bien tout casser à Rochefort-sur-Mer



Oh il n'y a pas grand chose à dire de cette carte postale Elcé que vous ne pourriez pas dire à ma place ! Oui, on notera que le photographe nous fait le coup du contraste et de la juxtaposition de l'ancien et du moderne en mettant bien au fond de l'image la grande et belle grille du Centre Hospitalier de Rochefort-sur-Mer comme s' il fallait qu'elle soit loin pour...être regardée...
Pourtant ce Nouveau Centre Hospitalier est bien une sorte de Cité Radieuse qui ne s'ignore pas et il ne fait aucun doute qu'il n'y a pas là un rapprochement de hasard. L'architecte de cette  barre épaisse on le connait bien sur ce blog, c'est Marc Quentin, l'un des architectes de Royan, ancien propriétaire d'ailleurs de la Villa  Prouvé à Royan, mais il fut aussi surtout l'architecte de la Ville de Rochefort-sur-Mer.
C'est lui aussi, si on en croit la légende royannaise, qui fit poser un pan de verre sur la façade du Palais des Congrès de Royan, pan de verre si décrié pendant des années mais qui permit finalement de protéger sans doute ce Palais récemment restauré.

On regrette d'ailleurs que nous n'ayons pas de carte postale nous montrant plus franchement, frontalement ce Centre Hospitalier dont la rigueur et la netteté ont été si mal jugées pendant longtemps.
Le jour où nous ferons un tour de France des Presque Cités Radieuses (idée de Julien Donada), nous devrons bien évidemment installer celle-ci sur le podium.
Mais voilà, la vie se charge de transformer ces édifices et celui de Marc Quentin a senti le vent du boulet...heureusement au moins ce morceau principal, le bâtiment essentiel ne fut pas détruit et il est en ce moment-même en reconversion pour un nouveau projet immobilier qui en maintient la silhouette, la façade.
On doit sans doute s'en réjouir et nous irons volontiers voir ce que cela donne une telle reconversion bien courageuse. Pour une fois...
Dans les deux liens que je vous donne pour vous permettre de mieux connaitre et suivre ce projet, j'ai une tendresse toute particulière pour Cyril Malet, conducteur de travaux pour l'entreprise Charier qui lâche dans un sourire de gamin :
"Ah ! j'aime bien tout casser !"
Comme on le comprend ! Et pourtant, nous sommes bien plus du coté de ceux qui maintiennent. Mais voilà, il faut aussi regarder l'ensemble des opérations de réhabilitation, l'investissement que cela réclame pour comprendre aussi que le sauvetage d'une construction et le maintien de son sens demandent aussi certains sacrifices et que tout cela est avant tout un engagement de personnels travaillant dans des conditions difficiles.
Un ode à la poussière.
La reconversion est donc confiée au groupe Joël Nissou dont on peut lire cette déclaration sur son site à propos de ce projet : 
Respecter une écriture architecturale représentative de l’époque moderne tout en lui conférant une nouvelle identité ambitieuse et respectueuse des valeurs du développement durable.

En voilà une bien belle déclaration ! On verra donc ce qu'il en est du respect d'une écriture architecturale représentative d'une époque une fois que le bâtiment sera terminé.
On a hâte, vous l'imaginez bien.

Pour voir le site du groupe Joël Nissou :
Pour en savoir un peu plus sur Marc Quentin et sa carrière :
Pour voir à quoi devrait ressembler le bâtiment après réhabilitation :
Pour revoir Marc Quentin sur ce blog :
etc....



dimanche 31 mars 2024

Mon ami, mon ami disparu : Dominique Amouroux

 Tu te rappelles Dominique comment nous aimions rire du peu d'intérêt des institutions patrimoniales pour le Patrimoine du Vingtième Siècle ? Comment tu me disais qu'ils ne comprenaient rien et qu'en plus, ce rien, ils le comprenaient en retard ?
Tu te souviens que nous avions fait une belle émission sur Radio On au Mans dans laquelle tu expliquais la genèse de ton si célèbre Guide d'Architecture Contemporaine  qui reste ma bible mais aussi le carrefour de notre rencontre avec notre ami commun Claude Parent ?
Tu m'avais fait l'honneur de venir à Evreux voir mon exposition où j'avais explosé sur les murs toutes les pages de ton guide et que, ravi, tu avais pu en retrouver un exemplaire que je t'avais offert.

Tu riais aussi de tes propres textes, de tes propres critiques, t'amusant de la radicalité de ta jeunesse en ne perdant rien de ta lucidité sur les effets inutiles d'une certaine architecture faite bien plus d'images que d'espaces.
J'avais pour toi à la fois de la reconnaissance, une certaine timidité, tu étais celui qui me recadrait, qui me donnait des pistes, qui approuvait ou non mes idées, mes textes, mes fautes historiques, mes colères.

Tu étais toujours disponible pour une précision, assez amusé de me voir patauger dans les attributions.
J'ai épuisé tes guides avec Claude, courant de centres commerciaux de Parent en piscines Tournesol à une époque un peu lointaine maintenant où le Brutalisme et le Vingtième Siècle n'étaient pas du tout mainstream. 
Je t'envoyais des photos de l'état actuel des bâtiments, nous rêvions d'une réédition de ton guide en face-similé avec un volume montrant l'état actuel, nous rêvions. Tu rêvais.
Tu étais un très prolixe auteur sur l'architecture mais rien dans ton écriture, dans ton regard n'avait à voir avec ces pisseurs de copies. Tu étais avant tout un sensible et un joyeux.
Et surtout tu éprouvais l'architecture du coté de la sensualité et aussi d'un humour parfois décapant.
Ton sourire passait au téléphone.
Même dernièrement.

Alors, je ne sais pas ce que je vais devenir comme amateur d'architecture sans ton aval, sans ton expertise, sans cette sensibilité m'accordant aussi à moi, autodidacte de la critique architecturale, le droit d'écrire, de parler, de penser et de construire des textes et des combats.

Notre dernière conversation était sur Louis Miquel.

Je vais tenter de tenir même si je t'avais déjà indiqué une certaine forme d'épuisement face à l'incurie des institutions patrimoniales. On dira pudiquement : leur retard...

Je le dis simplement : sans toi, il n'y aurait jamais eu ce blog puisque ma volonté première en le créant était de faire un inventaire des constructions présentes dans ton guide.  Chaque article est un hommage à notre rencontre. Il n'y aurait pas eu non plus mes engagements pour Claude Parent, pour Sens, pour Ris-Orangis, sans toi, je n'aurais pas découvert le mobilier de Perriand et Prouvé au Mans, je n'aurais pas eu l'énergie de sauver une bulle six coques avec Piacé, de faire ma Chronique Corbuséenne sur Radio On, de faire aussi toutes ces conférences, tous ces constats accablants sur l'héritage architectural du XXème siècle. 

Je ne me serais pas senti légitime. C'est ça. C'est ça que tu m'as offert, mon cher Dominique, une légitimité et une énergie. Ça restera ton superbe cadeau.

Je ferai donc mon possible pour maintenir partout et tout le temps ce que tu m'as appris, montré. Je ferai tout ce que je peux pour que ta place de critique et d'historien ne soit pas oubliée.

Tu sais quoi ? J'ai envie de partir pour retrouver une architecture oubliée, pour constater avec toi encore la Beauté de cet héritage de la Modernité. Je ne sais pas bien où nous pourrions nous retrouver. 
Reste-t-il donc, quelque part, un bâtiment modeste mais superbe que tu voudrais absolument que je rencontre ?
Sans aucun doute. Je vais donc une fois encore me plonger dans tes écrits.
Tu étais un Guide. Tu étais mon guide. Tu le resteras.
Merci l'ami Dominique. Merci.
Toutes mes pensées à ta famille et tes amis.
David Liaudet

Pour ceux qui voudraient entendre Dominique Amouroux en interview raconter la genèse de son guide et bien d'autres choses, c'est ici :

Il y a tant et tant d'articles sur ce blog (et le premier)  avec Dominique que je ne vais pas en faire une liste.
Il vous suffit de cliquer sur le bandeau à droite : dans le guide.
Ou de taper  son nom dans la recherche en haut à gauche.









samedi 30 mars 2024

Du Cameroun à Royan, de Bauhain à Prouvé !

Comme historien de l'architecture ou comme simple amateur, il ne fait plus aucun doute que la carte postale constitue un fonds patrimonial pour saisir et découvrir toutes les inventions, orientations de cet Art.
De carte postale en carte postale, nous allons de découverte en découverte sur toutes les subtilités de cette histoire que nous pourrions croire préparée par les éditeurs pour nous permettre aujourd'hui de la réécrire, de la refonder avec des modèles un peu hors du jeu habituel des icônes certes souvent justifiées mais aussi souvent bien peu contextualisées avec d'autres productions de la même période.
En gros, quelques noms écrasent tout, au point que, justement, ce qui constitue leur force et leur originalité, n'a plus l'occasion de se mesurer contre le reste de la production architecturale.
Faisons le test : si je vous dis Pavillon, économique, tropical, bois, métal, préfabriqué et que je vous laisse quelques instant pour former dans votre imaginaire une image et un nom, pas de doute que vous me rétorquerez : Pavillon Tropicale de Jean Prouvé.
Et vous aurez raison.
Mais voilà, l'intelligence de Prouvé on doit aussi la relativiser face à d'autres productions bien moins connues et défendues qui pourtant ont parfois bien plus marqué par leur nombre et leur utilisation la réalité de l'habitat.
Voilà une bel exemple :



Et je suis même certain que, tout comme moi, d'ailleurs si je vous avez montré rapidement cette carte postale que certains d'entre vous y auraient bien vu le Pavillon Tropical de Prouvé car tous les signes de ce rapprochement sont ici possibles.
Mais voilà, il ne s'agit pas d'un pavillon dessiné par Jean Prouvé mais bien d'un travail de J. Bauhain, architecte, comme d'ailleurs cela est écrit sur la carte postale de l'éditeur Fournier.
Et...On le connait bien Monsieur Bauhain ! C'est l'un des plus prolixes architectes de la Reconstruction de Royan !
Quelle joie donc de trouver une carte postale montrant ainsi une autre production de cet architecte du Mouvement Moderne si important pour notre blog et notre rapport à cette architecture. J'avoue que je n'avais jamais entendu parler de cette création de Monsieur Bauhain et que je fus très surpris de voir son nom associé ainsi à ce type de production. On peut aussi imaginer la tête de J. Bauhain lorsque Jean Prouvé est venu poser son Pavillon à Royan. Quel esprit de concurrence ou d'admiration commune était en jeu alors ? Comment J. Bauhain avait-il connaissance de l'oeuvre de Jean Prouvé pour la mise au point d'une architecture similaire ? Et si c'était dans le l'autre sens qu'il fallait chercher...
La carte postale n'étant pas datée on ne peut donc pas trop comprendre comment cette case tropicale de J. Bauhain est arrivée dans l'histoire de l'architecture et de ses solutions coloniales. Il est facile par contre d'affirmer que c'est bien de toute manière dans l'esprit d'une époque cherchant des solutions pour un habitat pragmatique, préfabriqué, facile à exporter et à monter, avec des matériaux peu chers. À ce titre l'histoire des maisons préfabriquées pour le relogements des sinistrés de la Seconde Guerre Mondiale est bien établie et il serait intéressant de savoir comment J. Bauhain a peut-être aussi inscrit dans le Royan bombardé un possible lien entre cette production coloniale et de tels pavillons. On sent alors possiblement une relation de concurrence avec Jean Prouvé.
Même si cette carte postale ne nous permet pas bien de déterminer l'intelligence constructive pour ce Pavillon de J. Bauhain, il est clair tout de même qu'on en reconnait tous les signes. Grand toit en tôle ondulée qui forme un auvent sur le devant, ouverture entre les deux pentes au sommet pour la circulation de l'air, bardeaux de bois glissés entre des montants verticaux venant tendre les murs, ouvertures permettant elles aussi une aération franche et surtout, on note une capillarité possible entre le dedans et le dehors, le pavillon offrant une très large ouverture directement sur l'intérieur. La circulation de l'air et de la lumière semble bien être l'objet de toutes les attentions, ce qui est normal pour un tel projet. On note que la "case" est photographiée comme à l'orée d'une forêt qui semble bien tropicale, et que la mention "les bois du Cameroun" ne laisse aucun doute sur la localisation de la prise de vue, sans , pourtant, plus de précisions ni sur l'éditeur, ni la raison de cette édition et sur le rôle de cette carte postale dans une stratégie de diffusion du modèle de J. Bauhain. Impossible depuis ce document de savoir le succès de ce modèle sous les Tropiques et au Cameroun en particulier. Monsieur Bauhain a-t-il rejoint l'équipe de la Reconstruction de Royan avec l'aura de la réputation de ce type d'architecture ou, au contraire, a-t-il bénéficié de ce chantier de Royan pour fabriquer et diffuser ce type de modèle ? Je ne sais pas.
Mais quelle chance incroyable de trouver ainsi représenté ce modèle et son architecte ! Voilà qui éclaire donc bien vivement l'Histoire de cette architecture coloniale et de la Reconstruction dont il faudrait, si ce n'est pas déjà largement fait, redéfinir tous les liens d'échanges et de progrès.
À vos archives !

Pour revoir l'oeuvre de Monsieur J. Bauhain sur ce blog :






mercredi 20 mars 2024

Saige Formanoir Dubuisson cas d'école

 Pour une fois, je ne m'étendrais pas sur ce cas d'école de l'état actuel de la réflexion sur le Patrimoine bâti contemporain, sur l'héritage du Modernisme, sur l'avenir d'un certain Patrimoine. On voit en ce moment un certain ras-le-bol des pratiques par exemple celles de l'ANRU, je vous communique en fin de message un lien pour bien comprendre ce qui est en jeu et sur les procédés politiques à l'oeuvre pour une gentrification qui ne veut jamais dire son nom. La gentrification elle arrive toujours masquée, elle dodeline du cul pour vous faire croire à ses charmes et puis...Paf ! 
Pour soutenir et informer de ce qui se passe en France avec ce Patrimoine, pour soutenir donc un peu, à ma ma manière les luttes en cours, je vous propose ce que je sais le mieux faire : une carte postale.


Cette carte postale nous provient d'un éditeur que l'on connait bien sur ce blog et que nous aimons : Elcé.
Celle-ci fut expédiée bien tardivement en 1988 mais reste évidemment plus proche d'une typologie de la carte en multi-vues des années 70.
On y voit donc en quatre petites photographie les constructions que l'on doit à Dubuisson et qui ont obtenues le fameux Label Architecture Contemporaine Remarquable et que donc...On propose de détruire en partie. Ba ! Oui ! On met un Label donc on détruit, c'est logique, c'est français, c'est basique...
J'entends déjà ceux qui diront que le calme des images ne dit rien de comment on y vit, mais je rétorque que c'est donc vers ceux qui y vivent qu'il faut demander un avis sur la destruction de leur immeuble. Et faire du nettoyage anti-drogue par la destruction de logements sociaux c'est assumé d'accuser ceux qui y vivent d'en...vivre...c'est curieux. 
La grignoteuse plus efficace donc que la Police. Quand le bâtiment va, tout va.
Bref...comme d'habitude depuis presque 40 ans maintenant. Toujours le même constat, la même absence d'idée politique, les mêmes procédés, la même communication. Pourtant là, Lacaton et Vassal ont un projet meilleur et moins cher mais pourquoi donc devrions-nous écouter des architectes ayant reçu un Pritzker Prize ? Sont certainement pas assez légitimes...pour des politiques.

Alors certes, on n'est pas obliger de crier au génie en voyant ce morceau de Dubuisson qui a certainement produit des oeuvres plus intéressantes, certes on pourrait bien penser que cette écriture urbaine et architecturale peut mériter une nouvelle définition, un travail d'analyse face aux nouveaux besoins, mais ici, la faiblesse écoeurante de ce qui est proposée et son coût (ahurissant !) ne laisse aucun doute sur son inutilité et sa stupidité radicale. C'est sur cette radicalité que se fonde surement le sommeil bien heureux des décideurs politiques, veulent "bien faire les gars"...

Comme d'habitude.
Je vous conseille vivement d'aller lire ici un excellent article de Vivien Latour et Alexandre Tellier :

Pour le combat contre l'ANRU :




La lutte continue donc pour le respect des habitants, du Patrimoine, de l'action citoyenne.
Vous trouverez sur ce blog plein d'articles sur le génial Dubuisson.







lundi 18 mars 2024

l'oubli par l'histoire d'un architecte

 Il y a des cartes postales dans ma collection dont je ne sais pas très bien quoi faire. Pourtant elles portent tous les signes nécessaires et c'est pour cela d'ailleurs que je les ai achetées. Mais, après l'enthousiasme de la découverte, je me demande bien par quel biais et pourquoi je devrais les mettre ici, à nouveau dans le registre possible d'une histoire de l'architecture et de sa représentation.
Voilà un exemple :



Oh ! comme j'étais heureux de trouver cette carte postale Iris nous montrant une belle façade moderniste d'un immeuble qui semble si typique de la production de cette époque ! Comme j'étais heureux de trouver cet immeuble bien cadré dans la verdure d'un parc comme pour en adoucir justement la grille de cette belle façade en mur-rideau !
Et, miracle, au dos de la carte postale figure bien le nom de l'architecte : A. Delessert.
Nous sommes donc à Roanne (la marraine d'Elbeuf, ma ville natale !) devant la résidence "Promenades-Beaulieu". Nous sommes en 1978.
J'avais fait des recherches pour trouver l'architecte A. Delessert et les recherches restant vaines, j'ai oublié cette carte postale, oublié cette architecture ne sachant quoi faire d'une telle image. Pourtant, maintenant, je me dit que c'est intéressant cet oubli de l'histoire face à l'intérêt de cette construction au moment de sa création et de cette prise de vue. Mais quoi faire de ce paradoxe ?
Je ne peux vraiment pas dire grand chose de cet architecte et encore moins de cette architecture depuis ce point de vue. Je peux juste dire que nous sommes heureux de penser qu'à une époque cette résidence avait suffisamment d'importance pour faire image de la ville de Roanne. Et puis...plus rien...oublié l'architecte, oubliée sa résidence, son impact dans la ville. 
L'immeuble est toujours là, avec toujours sa superbe grille. Il est juste à coté d'un autre immeuble que nous avions déjà aimé ici :
On pourrait donc penser que les constructions modernes de Roanne avaient trouvé dans la proximité de ce parc tout le loisir d'une expression franche et moderne, faisant monter leurs verticales dans une ville bien ancienne. Élan moderniste !
Google Map nous permet de mieux comprendre d'ailleurs l'intégration de notre immeuble de A. Delessert dans la ville. On note un traitement de rez-de-chaussée comme un socle bien plus brutaliste que le reste de l'immeuble, opposition franche entre les services sur la rue et l'élan des logements de la résidence. C'est bien fait, bien dessiné, presque un archétype du petit immeuble moderne pour maquette de chemin de fer. 
Elle a fière allure cette résidence ! Et la carte postale ne lui rend pas assez hommage finalement en la perdant dans la verdure.
Alors rien ne me permet de rebondir, d'accrocher le nom de l'architecte Delessert à une autre production ni à une école, une filiation. Vous savez comme j'aime rebondir d'une carte postale à une autre.
Mais qu'importe ! Voilà que je mets un tout petit peu de lumière sur Monsieur Delessert. Espérons que ce message trouvera un écho pour le replacer dans l'histoire. Cette réalisation, en tout cas, le mérite.
Je suis certain que quelqu'un viendra ici nous dire toute la place que mérite de retrouver Monsieur Delessert dans l'histoire d'une certaine architecture moderne. 





jeudi 7 mars 2024

Le ciel est parfait



Que pourrais-je dire de plus ?
Et cette question ne se pose pas seulement pour cette carte postale du C.N.I.T mais pour l'ensemble de ce blog. Ce matin, après donc une très longue interruption, en rangeant des cartes postales qui trainaient, je retrouve ces deux cartes postales de ce Palais comme le nomme l'éditeur Leconte et je me dis que, tout de même, je pourrais bien vous les montrer.
D'abord parce que les travaux, les constructions, les chantiers sont assez peu représentés en carte postale. L'impermanence n'est pas l'amie du commerce qui préfère bien plus des images qui resteront toujours d'actualité même après quelques années sur un tourniquet.
Ici, le photographe resté anonyme nous cadre donc le C.N.I.T à un moment bien beau de son chantier. Les trois voûtes sont décoffrées, toutes fraiches, mais les pans de verre ne sont pas encore posées, ce qui laisse le vide passer encore au travers.
On note avec étonnement qu'un S.I.C.O.B y est déjà installé ! Ce qui explique le nombre d'automobiles garées. Cela devait être bien étrange de venir ici, sous de telles voûtes, venir voir un salon et cela devait être aussi bien spectaculaire !
Comme j'aurais aimé voir ça et faire plein de photographies en stéréoscopie avec mon boitier Richard F40 !
Avec mon compte-fil, je trouve des pancartes bien intéressantes qui nous donnent le noms de quelques entreprises : Baudet, Donon, Roussel pour les constructions métalliques et Coignet, on imagine pour la structure béton.
La photographie est superbe. Le ciel tout particulièrement.
On regrette qu'aujourd'hui ce beau bâtiment, sans doute l'un des plus beaux et audacieux de l'époque en France, soit aujourd'hui littéralement écrasé sous la dalle de La Défense. Et, malgré mon vertige, j'aurai peut-être eu l'audace de monter sur les échelles pour visiter les collines de béton et voir Paris depuis leur sommet. Enfin...je rêve...
J'aurai aussi aimer faire la visite avec Jean-Michel Lestrade qui aurait pu m'indiquer les particularités techniques.
Réjouissons-nous alors de la présence des images et des voyages qu'elles nous offrent.

Quelques mois plus tard, les éditions Raymon ont pu faire ce cliché et éditer cette carte postale :


Tout est en place. Tout est achevé. Et la coquille de béton immense s'amuse à s'étirer sous la présence des coquilles St Jacques de la station-service Shell. On aime les deux coquillages.

Pour revoir La Défense et le C.N.I.T en particulier :

etc....